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History
 
Extrait du Zine DIG'IT (Avril 2000)


Y'a déjà un p'fit moment qu'on caressait l'idée de soumettre Jean-Luc Jousse à la question.
Ça ne vous dit rien ?
Jean-Luc de la Jostone Traffic Incorporated ?

Un garçon qui depuis bientôt une dizaine d'années passe le plus clair de son temps à sillonner les-routes d'Europe (et des Usa, et du Japon !... ) en compagnie des meilleurs groupes punk/rock de la planète, des Raunch Hands à Nashville Pussy en passant par Nine Pound Hammer, les Lazy Cowgirls, Guitar Wolf ou les Oblivians. Excusez du peu...

J'avais déjà "tâté le terrain" et proposé une interview à Jean-Luc "Jostone". Il n'était pas contre. Pas franchement excité non plus, il faut bien le dire ("J'ai pas grand-chose à raconter"). Modestie et timidité peut-être... Planning fourni aussi.
Chaque fois qu'on s'est rencontré, Jean-Luc s'occupait de materner les groupes dont il avait la charge (materner Corey et Ruyter Pussy Ça c'est un boulot!) et passait toute la durée du concert derrière la table de mixage, normal, l'autre partie de son job c'est sonorisateur. Difficile de le coincer en tête à tête pendant une heure...


Alors quand j'ai reçu son coup de fil, il y a quelques semaines, me demandant si on était toujours partant pour une interview, vous devinez bien qu'on avait déjà un lot de questions toutes prêtes et que l'affairé fut rondement menée. En plus ça rentrait dans le cadre des B.A. de Dig lt ! pour l'an 2000 puisque l'interview en question devait faire partie d'un supplément au dossier de candidature adressé par Jostone aux autorités américaines pour décrocher un permis de travail officiel aux Etats-Unis! Notre homme avait déjà fait quelques tournées là-bas (NBT's, N. Pussy) de façon clandestine et s'inquiétait d'être un jour refoulé en entrant dans le pays. Et obtenir un permis de travailler là-bas est à peu près aussi difficile que de déceler une lueur d'humanité dans l'oeil torve de Jean St Josse...
Il faut prouver qu'on est un expert dans sa partie et qu'il n'y a pas aux States quelqu'un qui pourrait faire le boulot aussi bien que vous ! Dans ce cas-là quelques extraits de presse glissés dans le dossier peuvent aider à faire pencher la balance (et l'influence de votre 'zine favori sur le ministère US du travail est bien connu…
Action !

Dig It : Comment en es-tu venu à la sonorisation et au tour-management ? Tu étais déjà "dans" le rock avant ça je suppose ? Je me souviens des Klepstones... Kleps, History et MP3's

Jean-Luc : J'ai conduit des engins dans une entreprise de drainage pendant de nombreuses années... Parallèlement j'ai commencé à jouer dans des groupes en venant habiter Orléans au début des années 80, Avec les Psychedelic Kleps d'abord, puis les Klepstones avec qui on a enregistré une reprise des Customs pour Voxx Records ("She'll Always Be Mine" sur Battle of the Garages Vol 4 -nda-) et un titre sur la Compilation When the Music Is Over sur GMG, et enfin les Kleps tout court qui se sont arrêtés assez vite. Je me suis retrouvé au chômage en 91, j'ai donné des coups de main aux assos locales Hollow Product et Phoque Aime All et organisé une partie des concerts à l'Impasse, le club rock de la ville qui a vu défiler quelques bons groupes à cette période (Jeff Dahl, Devil Dogs, Nine Pound Hammer, Gories, Raunch Hands, etc ... ), c'était mes débuts à la sonorisation. A cette époque j'ai acheté un fourgon Mercedes d'occase et j'ai commencé à tourner avec les Uptown Bones pour Black et Noir en France et avec les Raunch Hands pour Crypt, ça a été le vrai début il y avait aussi quelques escapades avec des groupes locaux dont les Buming Heads.

Dig It : Comment t'es tu retrouvé à bosser avec Crypt ?

J-L : Par Cecilia (No-Talents) qui faisait tourner les groupes Crypt à l'époque en France. J'étais avec mon van comme sonorisateur, déjà pour toute l'Europe, c'est Tim Warren qui m'a engagé, c'était super d'avoir la chance de se balader en Europe, de rencontrer tous les gens du rock et d'être avec des super groupes. Enfin je pouvais être sonorisateur tous les jours dans des beaux clubs avec des groupes qui assurent. Pour ce qui était de conduire il y avait longtemps que ce n'était plus un problème après quinze années de permis et une moyenne de cinquante mille kilomètres par an, mon niveau dans ce domaine n'avait rien à envier à celui de Dean Moriartv.

Dig It : Les groupes Crypt étaient ton genre de musique à l'époque ?

J-L : Au début des années 80 j'adorais tout ce qui a] lait du Garage aux Stooges en passant par le early Punk et la Power Pop, j'avais la carte n'114 du fan club des Real Kids monté par Nineteen. Au milieu des années 80 la vague australienne s'est un peu essoufflée, quelques copains ont viré Hard-core, j'ai un peu suivi, j'écoutais les Adolescents, DI, Minor Threat, etc... mais quand j'ai découvert le premier Nine Pound Hammer (The Mood, The Blood and the Beer) ce fut une vraie délivrance, une rock and roll salvation ! Et les Lazy Cow Girls ! C'était vraiment la musique que je voulais entendre, et quand quelques années plus tard Tim Warren m'a appelé pour me demander de tourner avec Nine Pound Hammer dans toute l'Europe c'était comme un rêve devenu réalité. Pour les Gories ou le Blues Explosion de Jon Spencer, il a fallu un peu plus de temps pour m'y faire, j'avais sans doute trop aimé les Cramps...

Dig lt : Quelles "qualités" faut-il pour faire un bon tour-manager/sonorisateur d'après toi ?

J-L : Un bon tour-manager ? Dur de savoir, il faut aimer les gens, comme dirait Drucker, être sur la route, traîner, apprécier la vie nocturne, un peu la fête mais pas trop pour pouvoir assurer parce que c'est parfois dur de trouver le temps de se reposer, surtout quand tu fais la conduite et le son en plus. Ouais il faut être résistant, et par dessus tout aimer le rock and roll. C'est vraiment gratifiant quand ça gaze, je me rappellerai toujours de la dédicace des Rauch Hands sur le "Respect" d'Otis Redding le dernier jour de la tournée, à Gand au Democrazy, c'était beau à pleurer. Pour le sonorisateur, il v a la partie technique où il faut les bases pour maîtriser les différents systèmes qu'on peut rencontrer. Actuellement plus c'est gros plus c'est facile car le niveau d'équipement et de compétence est naturellement meilleure pour les clubs ou festivals. Et il y a la partie artistique qui demande une certaine compréhension de la musique et des musiciens, il faut deviner où ils veulent en venir, les conseiller parfois, mais surtout ne pas en faire trop. On voit souvent des effets ridiculement exagérés saboter la musique, mais bon, c'est un avis personnel...

Dig It : Quel matériel utilises-tu ? Combien de vans dans ta flotille ?

J-L : Pour le matériel sono j'utilise ce qu'il y a dans les clubs. Pour les vans, au début j'ai eu un Mercedes, puis un (premier) Renault est arrivé, flambant neuf, en 1993. Aujourd'hui le Mercedes est vendu et le Renault cassé. Mélanger travail de sonorisateur et de transporteur/tour manager était un bon moyen pour commencer, cumuler les postes permettait d'être financièrement abordable pour les groupes comme ceux de chez Crypt, Aujourd'hui nous louons les vans.

Dig It : C'est ton van qu'on voit sur la pochette du NPH live ? En panne ?

J-L : Non c'est un van allemand et cette photo ne date pas du même jour que le concert. Le show ce soir là pétait la calamine et le son dans la salle était bon, bien meilleur que sur le disque, mais c'est toujours pareil, ils se sont servis du micro de la caméra qui filmait ce soir là, ce qui explique la petite qualité du son...

Dig It : De quelle façon es-tu rémunéré ?

J-L : Jostone Traffic est une agence officielle, avec factures, depuis 1993. Assez loin en-dessous des cachets d'intermittents pratiqués dans les club. Au début le prix était de 600F par jour pour un van un sonorisateur et un tour-manager, c'est peut être pour ça qu'on n'a pas pu continuer à entretenir les véhicules... mais c'était déjà cher pour les petits groupes amateurs.

Dig It : Sur quels critères choisis tu (si tu les "choisis") les groupes avec lesquels tu bosses ?

J-L . Avec les groupes Crypt. je suis vraiment très à l'aise, très copain avec tous, la musique me plaît et l'attitude des musiciens aussi, d'ailleurs je travaille toujours avec les mêmes groupes, bien que certains aient changé de label entre-temps. Il s'est installé un esprit de famille où tout le monde se connaît et s'apprécie, c'est plutôt cool. Il y a eu aussi des groupes comme Chokebore que j'aimais moins musicalement mais qui humainement étaient bien, et aussi les groupes Prohibited, ceux-là m'ont un peu ouvert les oreilles et sont des gens passionnants. En ce moment je passe le plus clair de mon temps avec Nashville Pussv. Quelques groupes de blues aussi, comme RL Burnside ("Mr Bloody Motherfucker"), au New Morning en mars 99 : "I like Bloody Mary ok, but Id rather have a bloody motherfucker (jus de tomate et whisky bon marché).

Dig It : Tes meilleurs souvenirs de tournées ?

J-L : Innombrables, toutes les tournées avec les New Bomb Turks et les Nashville Pussy, ma première tournée avec les Raunch Hands en Espagne, incroyable ! Et les Devil Dogs : à la mort de son père Steve Baise avait du rentrer aux Etats Unis et c'est JB des Burning Heads qui avait fait l'intérim pendant sept concerts, pas trop mal d'ailleurs, et au retour de Steve sur la tournée, à Frankfurt, on avait ramené du vin des Pays de Loire ; avant le concert Steve ouvre une bouteille en vrai épicurien qu'il est et sert un verre à tous ceux qui étaient là. Il y avait un Allemand que Steve connaissait depuis les tournées précédentes. L'Allemand avale son verre d'un trait et dit: "Avec ce genre de pisse j'me brousse les dents". Steve l'a chopé par le colbaque et foutu dehors, on était ému et fier.Récemment, au Meadowland à coté de New York, on est allé voir Bruce Springsten avec les Nashville Pussy, après le concert on a passé vingt minutes dans les loges avec Bruce et sa femme, qui joue aussi dans le E Street Band, à discuter du MC5, de Wayne Kramer et de guitares, c'était très émouvant.

Dig It : Les pires moments ?

J-L, : Barkmarket c'est le pire groupe avec lequel j'ai bossé. Faut dire que sur cette tournée les trajets étaient insensés, genre départ le matin d'Autriche avec Chokebore à Dresde, ensuite rouler après le concert pour déposer Chokebore à Hambourg avec leur matos, puis récupérer le sonorisateur des Barkmarkets à Eindhoven et filer à Londres pour le premier concert lendemain au Powerhouse, puis repartir juste après le show vers Copenhague ! Regarde la carte... A coté de ça, le chanteur Dave Sardy avait le melon un peu enflé, c'est un producteur renommé (Helmet, Red Hot Chili Pepper) et compétent j'imagine, il se vantait d'avoir essayé deux cent cinquante caisses claires pour l'enregistrement des Red Hot parce qu'ils avaient de l'argent à dépenser. J'ai l'impresssion qu'il connaît plus de sons de caisses claires que de groupes, mais sa musique est ok dans son genre.

Dig It : La Plus longue tournée ?

J-L : La tournée Info Highway Revisited des New Bomb Turks. Cinquante huit concerts, dont une partie avec Teengenerate plus quelques uns avec Gaunt. A l'échelle des gros groupes ce n'est pas très long, on entend parler de un an de tournée. Je suis sur la route entre six et huit mois par an.

Dig It : Tu as fait quelques tournées à l'étranger...

J-L : Une cinquantaine à travers toute l'Europe de l'Ouest, aux Etats-Unis, au Canada et au Japon

Dig It : Ta vision du Japon ? Pas trop de " chocs culturels " ?

J-L : C'est un pays incroyable, très différent, on n'a pas de repères, un guide est indispensable. Pour la tournée avec les New Bomb Turks on avait toujours un membre de Teengenerate avec nous. En douze jours là-bas il n'y a eu que cinq concerts, alors on a pu visiter le musée d'Elvis et des Rolling Stones, et les temples aussi, c'était cool, tous les soirs c 'était la fête jusqu'à 6 heures du mat, les Japonais sont très fêtards. Tu vois des mecs en costards, ivres, tard la nuit prêts à aller au boulot en titubant, ils travaillent beaucoup et vivent dans des petits appartements qu'ils payent une fortune. Les gens sont très polis et honnêtes. Pour le concert au Shelter le club était archi bondé, environ trois cents personnes, et les tee-shirts se vendaient dehors, le stand était installé deux heures avant le show sans personne autour et sans affolement la tire ne fait pas partie des moeurs. Ils ont beaucoup de respect pour ce qui est différent. J'étais étonné de voir que les Teengenerate connaissaient des groupes français comme Gazoline ou Les Dentistes.

 

Dig It : Quelques nouvelles des New Bomb Turks justement Bill est parti le crois...

J-L : Ouais, il est remplacé par Sam qui a joué dans Gaunt. Ils sortent un album (Nightmare Scénarios) fin mars sur Epitaph et tournent en Europe en avril et mai.

Dig It : Et Nashville Pussy ? Où en est leur histoire avec Mercury/Universal ?

J-L : Mercury c'est fini, le label vire tout le monde en ce moment, même le mec qui les avait signé a été saqué. TVT Rds a repris le flambeau pour le prochain disque, High as Hell, la sortie est prévue pour Mai. Je suis actuellement aux Etats Unis pour une période de trois semaines, sonorisateur et tour-manager à plein temps pour le monde avec Nashville Pussy ! Cool est vraiment le moins que l'on puisse dire...

Dig It : Tu as fait quelques apparitions sur disques, comme cette reprise du "Eyes of Satan" des Pagans par les New Bomb Turks (CD The Big (CD The Big Combo sur Drop Kic/Corduroy) ? Y'avait même les Hellacopters...

J-L : C'est tout simple, le morceau a été enregistré à Stockolhm avec Thomas Skolberg pendant une tournée des Turks, c'est pour ça qu'on s'est retrouvé avec les Hellacopters. A un moment Jim a dit : "Les gars pointez vous pour les choeurs" et voilà...,

Dig It : Tu as déjà fait de grosses boulettes pendant un concert ? Du style tout le monde se retourne vers toi en gueulant ?

J-L : Les techniciens des salles y ont beaucoup contribué les quelques fois où c'est arrivé, genre façade branchée sur la discothèque quand le groupe commence, ou sono i claque pendant le concert... Avec ce genre de groupes, on sollicite beaucoup le matériel, ça joue souvent fort sur scène. Mais en général ça se passe plutôt bien. Heureusement...

Dig It : Tu passes forcément souvent les frontières. Doit-y en avoir de redoutables ...

J-L : Les frontières norvégiennes sont les pires d'Europe, à croire qu'ils aiment voir le cul des rockers, c'est quasiment à chaque fois. Sinon les Ass Draggers, qui sont de petits plaisantins comme chacun sait, avaient un jour omis de dissimuler un bout de "chocolat", et au passage entre la Suisse et l'Italie, les chiens l'ont trouvé et hop ! Une nouvelle fois le cul à l'air et deux heures au poste. Les douaniers autrichiens ne sont pas très sympas non plus, doivent pas aimer le rock and roll...

Dig It : Les groupes dont tu t'occupes passent parfois à "Nulle Part Ailleurs". C'est facile de les y caser ?

J-L : Stéphane Saunier, le prograrnmateur de l'émission, est resté un pur et à ce niveau c'est plutôt rare, il aime le rock and roll depuis des lustres, la première fois que je l'ai rencontré c'était au début de Fixed-Up, qu'il manageait. A cette époque il y avait une bonne connexion entre Le Havre et Orléans. Dans la mesure de ses possibilités il y a toujours une petite place pour de la bonne musique. L'esprit de NPA est de loin ce qu'il y a de mieux dans le paf.

Dig It : Qu'est-ce que tu écoutes le plus en ce moment ?

J-L : J'écoute probablement moins de musique que par le passé, plutôt les nouveautés des groupes avec qui on bosse, ce qui représente pas mal quand même, et aussi des vieux trucs R&B. Dernièrement j'ai adoré le nouveau Neckbones, on a failli' les faire jouer en France. Dig It Tu t'occupes parfois de groupes français ?

Dig It : Tu t'occupes parfois de groupes français ?

J-L : En ce moment les Dogs sont le groupe français avec qui on passe le plus de temps, je les ai toujours aimés et ils restent égaux, même si les musiciens ne sont plus les mêmes qu'au début, ils ont joué à l'Astrolabe, la nouvelle salle d'Orléans, c'était super, ils vieillissent bien, leur version de "Fier De Ne Rien Faire" en atteste. Sinon, on avait monté une tournée de Noël il y a deux ans, avec les TV Killers, No-Talents, Dêche Dans Face et Dare Dare Devil, c'était excellent. Et on s'arrange toujours pour qu'un groupe français puisse jouer en première partie d'un combo US ou autre. On fait aussi office de "tourneurs" depuis quatre ans (exclusivement R'n'R et Blues), c'est Corinne Contassot qui s'en occupe, c'est un emploi à mi-temps.

Dig It : Tu peux nous citer les groupes avec lesquels tu as tourné ?

J-L : Let's go ! : Uptown Bones, Things Change, Rauch Hands, NPH, Brood, Blues Explosion, New Bomb Turks, Red Aunts, Teengenerate, Pungy Stick, Devil Dogs, Beguiled, Fireworks, Morphine, Goober and the Peace, Purr, Prohibition, Burning Heads, Down by Law, Driven, Chokebore, Lazy Cowgirls, Zeros, Oblivians, Country Teasers, Revelators, Nashville Pussy, RL Bumside, Barkmarket, New Bad Things, Ass Draggers, Guitar Wolf, Doo Rag,Bell Rays, Hellacopters,Deche Dans Face. Et il y a aussi les tournées qu'ont fait Jean-Paul et Jean-Louis pour Jostone Traffic avec Unsane, Mules, Zena Geva, Andre Williams, Delta 72, 20 Miles, Steel Pole Bath Tube.

Dig lt : Un petit hit parade des pays dans lesquels tu préfères tourner ?

J-L : Pour des raison différentes il y a du bon et du mauvais partout même si l'Espagne reste le pays le plus Rock and Roll. C'est bien de rester une semaine dans chaque contrée et puis changer, il a toujours quelque chose à découvrir selon l'endroit.

Dig It : Tu es bien placé pour avoir une vision réaliste de la "scène rock française", je parle plutôt des villes et de la fréquentation des clubs que des groupes. Comment vois-tu l'évolution depuis le début des 90's ?

J-L : Depuis 90/91 toutes les villes construisent des clubs biens équipés, mais avec des coups de productions importants qui rendent les concerts de rock and roll difficiles à rentabiliser. A Paris il est presque impossible d'organiser un concert sans perdre de l'argent si tu n'attire pas trois cent personnes. Et nos groupes n'amènent pas souvent cette fréquentation... Pour les bars, à Rennes par exemple, ils ont fait une grève je crois, ils ne sont plus autorisés à organiser des concerts pour cause de nuisances sonores... La politique du plus grand nombre mène à l'obscurantisme. Il est presque impossible pour un groupe sans label de jouer en France. Il y a quand même quelques endroits avec des gens super qui n'hésitent pas à prendre des risques, c'est un peu ce qui nous pousse à continuer à monter des tournées exclusivement rock, and roll, merci pour eux, ils se reconnaîtront." Epilogue : Peu après l'interview, le fameux permis de travail aux States est tombé (Je viens de recevoir mon permis de travail americain ce matin, maintenant j'peux bosser pour Lara Fabian là bas !!! ") On n'y était pour rien, le ministère avait déjà suffisamment d'éléments probants et de lettres de témoignages rendre une décision positive. C'est confirmé, Jostone est un expert dans sa partie.

Recueilli par Gildas Cospérec Dig It